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13 mars 2015

Une éducation pour notre auto-accompagnement

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L’auto-accompagnement ? De quoi est-il question ?

J’entends par là le fait, pour un être humain, d’accompagner son propre ressenti par l’attention. Par ressenti, je n’entends pas seulement les pensées ou les sensations corporelles. J’inclus les émotions, les sentiments, les intuitions et toutes les strates plus subtiles de la conscience. On me dit parfois que tout le monde sait déjà faire cela. Ce n’est pas mon constat. Depuis une trentaine d’années où je me suis investi dans des démarches de connaissance de soi, j’ai pris conscience d’un manque profond. Ce décalage m’est apparu clairement quand j’ai réalisé la coupure chronique avec la vie intérieure que vivaient les personnes que je rencontre. Depuis une douzaine d’années, j’offre aux adultes une méthode d’accompagnement autonome de leur propre vie intérieure. Mais cette approche avec les adultes est une tentative de réparer quelque chose. Il me semble évident qu’il faudrait envisager de proposer une réconciliation avec cette vie intérieure plus tôt, aux enfants d’âge scolaire, parce que cela permettrait de vivre une vie plus harmonieuse, plus consciente, mais également de réinventer notre civilisation sur des bases réellement neuves et régénérées.

Donc, je pense aux enfants actuellement et avec quelques personnes qui m’aident dans cette démarche, nous sommes arrivés aujourd’hui à publier un livre, « Mes Émotions, des visiteurs inattendues », qui concerne l’auto-accompagnement ou accompagnement autonome de la vie intérieure pour les enfants. Le livre que j’ai publié sur le même thème, qui s’adresse aux adultes, s’appelle « Traversée, trois étapes clés pour une libération ».

La façon la plus simple de présenter cette méthode est d’utiliser l’image de la vague, en disant que tout mouvement intérieur, une émotion par exemple, est comme une vague qui s’élève, se soulève à l’intérieur de soi et redescend. Dans son mouvement le plus naturel, une émotion monte en soi comme une vague et redescend. Accompagner un mouvement intérieur comme celui de l’émotion, c’est ressentir le mouvement de cette vague intérieure, la laisser être et la laisser se dissoudre. Ce qui nous est donné de vivre, c’est d’accompagner ce mouvement sans ni le fuir, d’un côté, le réprimer, ni tenter de le maîtriser, le contrôler ou de le conserver ou de le faire durer plus longtemps.

Il se trouve que beaucoup de nos approches en rapport avec la vie intérieure sont pourtant basées sur des tentatives de contrôle. Cette habitude structure notre système, contrôler est un modèle de vie dans notre société.

Une des causes du contrôle, par rapport à la vie intérieure, est le fait que nous ne sommes pas en amitié avec ce qui nous traverse, avec ce qui s’anime en soi. Nous avons toutes sortes de bonnes raisons de ne pas être en amitié avec notre vie intérieure et parfois, ces raisons sont même des raisons religieuses, spirituelles ou thérapeutiques, c’est-à-dire qu’est inscrite dans beaucoup de nos démarches l’idée que l’on doit se débarrasser de certaines choses à l’intérieur de soi pour devenir quelqu’un d’autre, pour évoluer, pour se transformer. Mon approche est radicalement à l’inverse de cela. Je propose un autre postulat, en quelque sorte, c’est-à-dire : rien de ce qui s’anime en soi n’est un problème, une menace, mais notre relation à tous ces événements intérieurs est le problème.

J’utilise une expression, pour résumer la relation à la vague, je propose « d’être avec ». Être avec, c’est un auto-accompagnement, dans le sens où il s’agit d’utiliser une capacité unique parmi les espèces vivantes, une capacité propre à l’être humain, d’être attentif à soi-même. Nous sommes la seule espèce vivante capable de faire ça, mais curieusement, nous sommes aussi celle qui ne le fait pratiquement jamais.

Dans la vie quotidienne d’un être humain, l’attention est mobilisée, aspirée, absorbée par ce qui l’entoure, les urgences du quotidien, le regard des autres, ce qu’on croit être les attentes auxquelles on doit répondre.

Quand, dans la vie sociale, dans la vie professionnelle par exemple, on nous demande « comment ça va ? » le matin, on est interpellé d’une façon assez intéressante sur notre vie intérieure, mais il est très rare que l’on réponde réellement ce que l’on ressent à cette question. Je pense que vous l’avez déjà réalisé. C’est le modèle social. Alors, je ressens cette importance de l’auto-accompagnement comme le fondement d’à peu près tout, comme une urgence véritable pour notre espèce, pour son évolution et donc pour la civilisation que nous allons créer à partir de ce 21e siècle où il est clair que quelque chose de radicalement neuf devrait être créé.

Il y a un âge où on peut envisager avec l’enfant une discussion sur son ressenti en des termes simples, moins sophistiqués que ce que l’on dit avec un adulte. À partir du moment où l’enfant peut comprendre la question : « Qu’est-ce que tu ressens dans l’instant ? » et qu’il peut y répondre, on lui offre le chemin de l’auto-accompagnement. On peut lui proposer d’être avec, en lui présentant l’image de la vague, par exemple, d’être avec ce mouvement intérieur, en lui disant : « Tu sais, il n’y a pas de problème avec cette émotion, tu peux la ressentir et la laisser être ». Comprenez qu’à cet endroit-là, l’idée est de transmettre le fait qu’une émotion n’est pas une menace. Si, en tant que parent, nous avons peur de nos propres émotions, la transmission sera plus difficile. Il y a donc un intérêt à envisager cette proposition parallèlement pour les adultes.

Mais comme cette proposition n’existe pas dans l’Éducation Nationale, les enfants comparent parfois cette proposition originale à ce qui leur est offert et se mettent à douter, à trouver bizarre, puisque « les autres » ne le font pas.  C’est un des phénomènes qui m’a alerté sur la nécessité d’envisager une forme d’école qui pourrait intégrer, en plus du socle commun, de la transmission des savoirs classiques, cette direction sur l’accompagnement des émotions – qui ne soit pas qu’un listing des émotions avec lequel chacun serait ensuite laissé dans l’inconnu ou avec la difficulté d’accompagner les mouvements intérieurs, mais une proposition concrète.

Un point très important est de ne pas mettre de pression sur l’enfant : il faut y aller avec bienveillance. Être avec est la façon la plus simple, je dirais la plus innocente, pour accompagner sa vie intérieure, innocente, c’est-à-dire avec le moins d’objectifs possible. Donc, placer le moins d’objectifs sur l’enfant est quelque chose qui s’apprivoise.

Je propose, pour commencer, de répondre à la question du ressenti avec le moins de mots possibles : « Qu’est-ce qui domine en moi ? Est-ce plutôt joyeux, plutôt triste ? » et de pouvoir affirmer pour soi-même cette dominante. L’attention qui revient à soi est un acte absolument non mental.

La notion de traversée, ensuite, nous ramène à cette capacité que nous avons de passer à travers, à travers nos propres résistances, nos propres blocages et de ne pas attendre que quelqu’un le fasse pour nous, de ne pas attendre que l’on soit aidé presque en permanence de l’extérieur, de ne pas toujours attendre réparation de l’extérieur quand nous vivons une blessure. Il y a en nous une force naturelle que nous sollicitons très peu et cette force, c’est celle qui nous permet de passer à travers ce qui semble infranchissable, mais ça demande un petit peu de foi, parce qu’à nouveau, le modèle social nous projette toujours vers l’extérieur.

La douleur principale que l’on ressent par rapport à certains mouvements de vie en soi plus difficiles, désagréables, ne vient pas du mouvement lui-même, de l’émotion elle-même, mais du refus qu’on lui oppose. La violence n’est jamais dans l’émotion, elle est dans la violence de notre refus. Je donne un exemple simple. Si vous avez envie de pleurer et que vous le faites librement, ça peut être assez agréable et libérateur. Si vous ne voulez pas pleurer, si vous êtes dans une situation où il ne faut pas le faire, vous allez ressentir une boule dans la gorge. Souvent, les personnes me disent : « Je ne veux pas pleurer parce que ça me crée une boule dans la gorge » et je suis obligé de rectifier : « C’est parce que tu ne veux pas qu’il y a la boule, sinon tu ferais l’expérience d’une émotion qui serait beaucoup plus fluide voire agréable ».

C’est plus agréable de ressentir de la joie que de la tristesse, mais ressentir la tristesse pour ce qu’elle est, sans se dire par exemple : « Je ne devrais pas être triste, depuis le temps que je travaille sur moi, je suis quelqu’un de spirituel (ou je suis un adulte, « un homme »,etc.) on peut avoir un ressenti intérieur de la tristesse qui est positif, beau mais n’enlève rien à la forme particulière, à la texture particulière de la tristesse, à sa gravité peut-être, moins légère que la joie. Mais c’est à partir du moment où c’est vécu, accueilli et ressenti comme un aspect naturel de la condition humaine, que l’on se sentira plus proche de l’amitié avec les mouvements de vie en soi. Dès que nous introduisons dans notre existence l’idée qu’il y a certaines choses qui nous traversent qui ne devraient pas être là, le problème commence et on ne peut pas être en amitié à cet endroit-là.

L’auto-accompagnement, c’est cette possibilité d’une réconciliation intérieure, d’une vie plus consciente, moins automatique, et d’un accompagnement autonome de ce qui nous traverse en tant qu’être humain. C’est aussi quelque chose qu’il est urgent de restaurer dans notre monde.

 

Par Thierry Vissac

http://othoharmonie.unblog.fr/

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